Depuis que cette vieille et méchante surveillante n'était plus là , tout allait bien dans le meilleur des mondes .
Et un jour pendant la récréation, je décidais d'aller vers la mer et de faire un détour vers les roseaux .
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Avant de continuer il faut que j'explique quelques détails .
Devant le bâtiment il y avait cette immense cour au milieu de laquelle trônait le grand mât avec un grand drapeau italien avec la montée et la descente des couleurs matin et soir .
Alentour on pouvait admirer la mer et plonger notre regard dans sa couleur bleu turquoise .
Sur la gauche s'étendait une longue et large bande de roseaux .
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Donc ce jour là, je décidais de m'aventurer dans ce coin et plus je me rapprochais des roseaux, plus le bruit de coups de feu se faisait net .
5,6,7,8,10 coups .
Lorsque j'atteignis les roseaux, j'ai entendu des cris :
" allez, allez, plus vite, courrez plus vite ! "
Je commençais à craindre le pire , les cris allaient en se rapprochant .
" ne les perds pas , il ne faut pas qu'il nous rattrape, plus vite ! "
C'est là qu'une petite bande de quatre garçons ont déboulé devant moi .
" suis nous sinon il va t'attraper ! "
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Je me mis à courir comme si des ailes me poussaient .
Je m'enfuyais aussi vite qu'eux puis lorsque nous nous sommes trouvés assez loin, le plus grand me montra l'objet de son délit et de cette fuite précipitée .
C'étaient des oiseaux qu'un chasseur avait tués en plein vol et que ces quatre gamins avaient ramassés avant lui .
Depuis cette aventure , nous étions amis , j'étais le plus petit de la bande .
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Cela devint un rituel, après les cours dès que la cloche sonnait, nous courions dans les roseaux et nous attendions, tapis, que le chasseur commence à tirer puis nous partions à la recherche ces malheureux volatiles qui venaient d'être abbatus .
Là, commençait la poursuite infernale. Le chasseur lançait ses deux chiens à nos trousses et nous, nous réussissions tant bien que mal, à leur échapper , quelquefois de justesse .
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Puis un jour après les cours, nous vîmes avec notre directeur, deux vieux messieurs . L'un d'entre eux nous montra du doigt et s'exclama :
" ce sont eux qui nous volent nos prises ! "
Nous avons été sortis du groupe et corrigés .
S'en fût terminé de notre chasse quotidienne .
Quelques 57 années se sont écoulées depuis ces belles aventures .
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Une année , alors que j'étais en vacances chez mon frère à Florence, nous étions invités à déjeuner chez ma soeur et j'ai raconté cette histoire qu'elle traduisait à son époux .
Soudain il s'est écrié :
" mais c'est mon histoire ! " son regard figé sur moi .
Je lui soufflais
" j'étais le plus petit de tous "
Il n'en revenait pas et moi non plus , nous venions chacun de retrouver un ami d'enfance .
Pour lui montrer ma bonne foi , je lui décrivais les lieux , il me répondait
" oui, oui "
Je détaillais toutes les pièces , les chambres , la vieille surveillante, la grande baignoire en métal dans laquelle nous étions tous lavés dans la même eau !!
Il acquiescait toujours et ne me lâchait pas du regard .
Puis je lui rappelais la raclée magistrale que nous avions eu et je le vis enfin sourire .
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Je dédis ces quelques lignes à celui qui fût mon ami d'enfance et beau frère, malheureusement décédé d'un cancer .
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A Aurélio .