Je reviens sur le décès de ma mère en 1975 car hier, mon épouse étant à côté de moi, je n'arrivais pas à exprimer réellement ce que je ressentis lors du décès de notre maman ___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
Donc , lorsque je me tenais face à notre défunte mère, j'étais immobile, je la fixais et l'histoire de mon enfance se mit à défiler .
Je repensais à l'absence et le manque d'affection de la part de cette morte qui était là .
Je lui expliquais , en pensée, que le peu de temps que je l'avais vu, j'étais le plus heureux des garçons, surtout lorsque nous étions tous attablés autour du repas et même si elle ne s'adressait pas directement à moi , mais plus à mes frères et soeurs , je la regardais parler .
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Je lui dis combien j'avais apprécié, un jour que nous étions seuls à la maison, de l'écouter chanter une dizaine de chansons italiennes tout en cousant ses vêtements car étant forte ma mère ne les achetait pas mais achetait des patrons et se mettait à l'ouvrage .
Pendant qu'elle faisait son récital je regardais à la fenêtre .
Nous ne nous adressions jamais la parole comme si j'étais invisible et inexistant .
Et, comme en Italie , dès que j'arrivais à la maison , le peu de fois où j'ai pu sortir du centre pour aller chez moi, je parcourais les rues de Chambéry, je ne rentrais que pour les repas .
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Dans cette morgue elle était là, allongée avec un sourire, comme si le poids d'une vie de dureté venait de lui foutre la paix .
Je lui ai dis de reposer en paix et que je ne lui en voulais pas du tout .
De temps en temps mes pensées étaient interrompues par l'une de mes soeurs qui prenait des photos de la défunte car elle voulait un dernier souvenir .
Je lui exprimais combien j'aurais voulu partager avec elle des moments de la vie, être près d'elle lorsqu'elle souffrait, je ne savais pas qu'elle luttait contre cette maladie depuis mon enfance .
Je l'excusais de toutes mes souffrances endurées pendant ma jeunesse dans tous ces centres .
Puis je fus dérangé par le brouhaha qui resonnait dans la morgue car il y avait beaucoup d'autres cerceuils dans cette immense pièce, les gens n'arrêtaient pas de rentrer et sortir, de parler, pleurer et comme je n'arrivais pas à me concentrer je suis sorti tout en regardant en arrière de temps en temps , comme un véritable adieu à celle qui fût comme ma "réelle " mère pendant un court instant .
Car même si elle ne me répondait pas, moi je pu enfin lui adresser quelques mots éternels .
je lui dis que je ne l'oublierais jamais et qu'elle n'avait aucun reproche à se faire, que la vie doit être faite de pardon , je ne lui en voulais aucunement .
Et je sortis tout en gardant au fond de moi l'image de cette triste et dernière vue de celle qui fût mon manque absolu et qui le reste à jamais .
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Comme je l'ai expliqué dans le chapitre 7, après avoir été chez mon oncle, mes frères et ma belle soeur sont repartis en voiture et moi en train .
Il y avait un arrêt de quatre heures à Milan, en attendant ma correspondance je me promenais et pensais à tout ce que j'avais reproché à ma famille .
Je me suis retrouvé dans une manifestation , les gens me prenaient avec eux, ils pensaient que je faisais parti du cortège, je faisais signe que non .
Dans le train , enfin tranquille, j'ai pu réfléchir à tous ces évènements précipités .
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Tout cela a été le déclenchement de ma décision de vivre seul puis une multitude de faits qui m'ont conduit à vivre à Alberville .---------------------------------------------------------------------------------------Felicia Giannone Epouse Cerica Ton histoire et vraiment triste André comment te dire la souffrance que tu asc dû endurer je pleure à chaque fois que je te lis !!!!!------------------Daniel Rabiah Pour ma part je fus trimballé de droite à gauche de 1955 à 1962. D'abord je fus placé à Saint Beaudille de la Tour dans l'Isère , puis à Viviers en Ardèche, puis Lyon et Grenoble pour revenir à Saint Beaudille. En 1962 je me suis retrouvé pour la première fois dans les centre de L"Etanche , Mercury et Tamiè------------------- Christian Weber Ce qui est bien entre "anciens", c'est que l'on peut tout exprimer, sans craindre de "blesser", les personnes qui nous aiment, qui n'ayant pas notre vécu, ne peuvent en toute bonne foi ne pas comprendre. C'est vrai que l'on peut ressentir des sentiments paradoxaux et difficilement compréhensibles ! (haine et amour en meme temps!!!).----------------Daniel Rabiah Pour moi je n'ai jamais peut m'attacher, à qui que ce soit . Heureusement qu'il y a eut le sport , où j'ai peut oublié l'espace de quelque heure . Les enfants mon beaucoup apportaient.--------------Christian Weber Tu sais Daniel, le "système social" (SS), a tout fait pour nous empecher de créer des liens. J'ai toujours compris pourquoi!...--------------------Christian Weber Tous les 2 ans, je me suis trouvé déplacé ailleurs. Comment créer des liens ainsi. A moins que cela ait fait parti du système de "rééducation" ? Qu'est-ce nous devions payer à la société??---------------Christian Weber Le simple fait d'échanger entre nous, facilite une "résilience". pour moi, c'est encore dur de partager. Je me suis renfermé à force d'etre traité de mythomane!!!-------------Daniel Rabiah Moi ce fut de même pendant des années ne pouvant allé vers les autres. Avec les enfants cela pouvais allé mais avec les parents c'était plus difficile. il fallait que je les connaisse bien.