Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

J'étais à Mercury Savoie - Page 7

  • Une curiosité qui se transforma en un vol involontaire .

    montre-a-gousset-braille-argent-avec-chaine-argent-2344.jpg Il m'arrivait d'être très fatigué l'après midi car on ne peut pas toujours " battre la campagne " à 4 ans et demi sans en ressentir les effets .
    J'allais m'allonger sur mon lit et m'assoupissait . Lorsque je m'éveillais, souvent j'étais seul à la maison et donc je ressortais .
    Un jour , un objet sur le bureau de travail de mon grand père attira mon attention . C'était une montre à gousset qui lui avait été donné en réparation .
    Mon envie d'étudier cette montre était très fort mais l'ouvrir sur place était risqué car , à tout moment , mes parents pouvaient me surprendre et j'aurai été dans de beaux draps .
    J'ai donc eu la bonne idée de la cacher pour l'examiner plus tard .
    Je suis allé vers le mur qui servait de décharge et j'ai décidé de cacher la montre à gousset sous une pierre .
    Il n'était pas question pour moi de la voler , je voulais imiter mon grand père et ma curiosité l'a emporté sur le bon sens .
    _____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
            Lors de mon retour à la maison j'ai vu mon grand père chercher cette montre et tout retourner .
    Lorsqu'il m'a vu , il m'a accusé mais ma mère a soutenu que je faisais ma sieste , malgré tout celui çi me pointait du doigt
       " c'est toi qui l'a prise !
       - non ! rétorquais je
       - comment je vais faire , je devais la rendre à un client ! " s'écriait il .
    Me rendant compte de l'énorme bêtise que je venais de faire et ne voulant absolument pas causer d'ennuis à mon grand père , je décidais de récupérer la montre, la rapporter et faire croire qu'elle était tombée car s'ils s'apercevaient de mon subterfuge je savais que j'allais prendre une décalottée .
    ____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
            J'ai attendu que la situation s'apaise pour retourner sur le lieu de ma cachette.
     En retournant la pierre , j'ai eu la désagréable surprise de voir qu'elle n'était plus là . Je me précipitais et soulevais toutes les pierres allant bien plus loin que l'endroit où je savais l'avoir posée .
    Malheureusement malgré ma patience et ma persévérance j'ai dù me rendre à l'évidence : elle avait disparu .
    _____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________         Puis je vis arriver un groupe d'enfants qui vivaient dans le ghetto , ceux çi n'avaient jamais rien mais ce jour là ils venaient vers moi avec une grosse botte de blette et une grosse boite de conserve de 5 kg remplie d'eau .
    Ils ont brassé les pierres et ont fait un feu à l'endroit où j'avais placé la montre en me regardant avec un petit sourire narquois .
    Puis ont mis la botte dans l'eau pour la faire cuire .
    C'était de pauvres gosses , ils avaient dù m'épier puis dérober la montre .
    Je me suis approché et leur ai demandé si je pouvais goûter ils m'ont répondu
        " non, toi tu as tout ce qu'il faut, tu n'es pas comme nous "
    Ils ont éteint le feu et sont repartis .
    _____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________        Lorsque je suis rentré , mon grand père était assis la tête dans ses mains . J'étais malheureux de le voir ainsi mais par crainte d'une correction je n'ai rien dit.
    Quelques instants plus tard le client est arrivé , mon grand père lui a proposé une autre montre en contre partie que, heureusement , le client a accepté .
    Cet accord a dissipé mon angoisse , je ne voulais pour rien au monde que mon grand père ait des ennuis par ma faute .
            J'aurais dù être plus vigilant, sachant que cette bande de garçons observait tout ce que l'on faisait et était toujours en quête de mauvais coups .
    ____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
           Je pense que mon grand père a toujours soupçonné que je sois à l'origine de cette mystérieuse disparition .
    Je ne me doutais pas que les actes spontanés et innocents de ma part pouvaient avoir des conséquences telles que celles d'être enfermé en Italie puis par la suite en France à l'Etanche , Mercury et Tamié (l'été )---------

    Daniel Rabiah, je te remercie de raconter ton histoire qui fut à peut près la même pour la plupart d'entre nous . Moi aussi étant petit j'étais assez turbulent . c'est peut être à cause de cela que je me suis retrouvé avec mon frère dans ces centres .--------------Lpe Soru Nous sommes tous des mal aimés de  la sociétés de l'époque honte à ceux qui ont fermé les yeux sur les mal traitences des enfants de la DASS

     

  • Mes grands moments de liberté

    DSC09379.JPG

    Petite introduction .
        
           J'ai vu le jour dans ce monde terrible et très injuste en cette période de misère sicilienne 1956 .
    J'ai vu la pauvreté au pied de notre porte, à quelques mètres de notre maison .  Je n'ai pris conscience de cela que bien des années plus tard , car je passais devant ces pauvres gens sans penser que cela était anormal .
    Cela a complètement changé ma façon de vivre et je suis très attentf à la détresse des gens . J'aime partager ou donner .

    __________________________________________________________________________________________________________________________________________________
           Je ne peux pas dire que j'étais toujours malheureux ce serait mentir .
    J'ai eu de grands moments de bonheur lorsque je m'évadais de notre maison. Tous les jours c'était un rituel , je n'aimais pas l'enfermement .
    Il fallait que je visite cette ville .
    ____________________________________________________________________________________________________________________________________________________
           Dès le lever du lit, je prenais un petit déjeuner mais quelquefois mon impatience était trop grande et je me mettais en marche .
    Je ne pensais à rien d'autre , je ne vivais que pour cela : visiter Palerme .
    J'étais le plus heureux , seul à travers cette immense et belle cité , mais hélas la splendeur n'était pas au rendez vous dans toute la ville car il y avait également des quartiers très sales .
    Près de chez nous se trouvait un ghetto sur une longueur de 300 mètres environ et en face un mur de la même longueur où les gens déposaient toutes sortes de cochonneries .
    Un grand dépotoir où étaient déposées de petites boîtes remplies de bébés chats .
    Je m'empressais de les sauver , avec quelques garçons du coin nous sous disputions les boîtes .
    Puis je je ramenais à la maison ce que j'avais pu sauver et je reprenais la poudre d'escampette .
    _____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
            Je voulais tout voir , absolument tout voir et tout entendre .
    J'allais souvent sur le grand port admirer les grands destroyers et navires de guerres américains .
    Tous ces bâtiments étaient, à mes yeux , majestueux et immenses .
    Quelquefois les marins me saluaient lorsque je me promenais avec ma grand mère . Elle avait plaisir à me vêtir en petit marin ( le costume complet ) et il y avait toujours des marins qui venaient toucher mon pompon rouge et me faisaient un salut .
    Je m'empressais de leur rendre, ils souriaient et s'adressaient à ma grand mère , peut être pour la féliciter .
    Idem lorsqu'elle venait me chercher au collège , nous passions par le port car c'était sur notre route et il y avait toujours une poignée de matelots qui venaient systématiquement vers nous , me prenaient dans leurs bras et m'offraient des friandises, sans qu'on leur demande quoi que ce soit .
    ________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
            Mes escapades se finissaient toujours par le grand marché " La Vucciria " ( le marché des cris ) , à la tombée de la nuit, car je prenais le temps de tout regarder : les fruits de chaque saison , kakis , oranges , pastèques , cerises , nèfles ... et des fruits inhabituels que je ne vis en France que bien des années plus tard .
    Des poissons de toutes sortes , escargots , poulpes , thon rouge et j'en passe ( reportez vous aux vidéos que j'ai postées , elles illustrent parfaitement ce que je voyais ) .
    Je me remplissais les yeux de toutes ces merveilles , sans oublier les senteurs de toutes sortes , des parfums d'herbes et d'épices de tous les pays .
    Il y avait aussi les plats cuisinés qui me faisaient saliver et pour finir toutes ces viandes grillées devant vous .
    Comme ce marché d"Il Capo " finissait pratiquement à une rue de chez moi , je m'empressais de rentrer sinon c'étaient encore des cris et une rouste .
    Je me souviens encore du martinet , du moins mes fesses et mes cuisses s'en souviennent encore .
    Mais moi je me mettais immédiatement à penser à la virée du lendemain .
    ____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
            Je pense que toutes ces fugues journalières ont pu être une des causes de mon enfermement qui fût pour moi la fin du monde .
    Ne plus pouvoir me rendre dans toutes ces ruelles où je pouvais déambuler et rêvasser à ma guise a été un crève coeur .
    Moi qui avait l'habitude de parcourir les rues d'Albertville , j'ai connu le même sentiment encore une fois , lorsque j'ai été emmené au centre de la Belle etoile à l'Etanche à Mercury .
    Il n'y avait aucune comparaison entre le centre en Italie et Mercury .
    C'était le jour et la nuit . En Italie nous étions bien traités , nous mangions à notre faim avec de très bons desserts , et avions tout le confort .
    A Mercury c'était un centre de redressement, que font des enfants de six ,sept et huit ans dans un tel centre avec des tortionnaires ?
    Aucun enfant ne devrait connaître et subir ce que nous les anciens de l'abbé Garin avons subi dans les trois centres : l'Etanche , Mercury et Tamié .

    DSC09376.JPG

  • Marché 'Ballarò' à Palerme

    Alimentation de rue et aliments frais. Marché 'Ballarò' à Palerme
    C'est le 2ème marché que je visitais , celui çi est plus grand , plus animé et propre . Il se vend quantité de mets préparés .C'est celui qui m'a valu le plus de raclées car je flânais et j'engloutissais de la nourriture puisque tout le monde me connaissais . Un matin je suis parti tellement vite , je ne voulais pas être lavé et je me suis enfuit en slip ! Un jour ma grand mère voulait me mettre dans la bassine en métal , mais comme c'était devant la maison je ne voulais pas qu'on me voit tout nu , je me suis débattu , je suis tombé et ouvert le front . Ma grand mère m'a porté jusqu'au dispensaire en hurlant et cela m'a valu des points de suture , la cicatrice est encore très visible aujourd'hui . .C'était une pratique courante , les enfants étaient lavés dehors et moi j'avais honte car tout le monde voyait , y compris les enfants ou les filles qui passaient !!